dimanche 25 mars 2012

« Je ne suis pas une criminelle et je ne demanderai pas pardon » Nargues Mohammadi


Nargues Mohammadi, directrice adjointe du Centre des Défenseurs des Droits Humains (DHRC) a été condamnée en appel à six années de prison le 5 mars, a dit à la Campagne Internationale pour les Droits Humains qu’elle ne demanderait pas pardon puisque toutes les activités du DHRC étaient basées sur les lois de la république islamique d’Iran.

Le 11 octobre, la 26ème chambre du tribunal révolutionnaire de Téhéran avait condamné Mohammadi à 11 ans de prison pour « assemblée et collusion contre la sécurité nationale, appartenance au Centre des Défenseurs des Droits Humains et propagande contre le régime ». La 54ème chambre de la cour d’appel de Téhéran a ensuite réduit sa peine deux mois après son énoncé.

Le Centre des Défenseurs des Droits Humains, maintenant interdit, a été fondé par le prix Nobel de la paix Shirin Ebadi, Abdolfattah Soltani, Mohammad Ali Dadkhah, Mohammad Seifzadeh et Mohammad Sharif. Les forces de sécurité ont fermé le centre en 2008 et ont depuis pris beaucoup de ses membres, y compris Nargues Mohammadi.

« La cour d’appel a énoncé le verdict le 15 janvier, mais, pour des raisons inconnues, le verdict de six ans de prison n’a été délivré à mon avocat que deux jours après les élections du 4 mars. Ce jugement est définitif et je devrai me présenter à Evine dès que j’aurai été convoquée par l’unité d’exécution des peines. »
Mohammadi a gagné le prix suédois Per Anger pour le travail humanitaire et les initiatives au nom de la démocratie en 2011 ; elle a déclaré ne pas faire appel de la sentence à cause de la non observation des processus dans son dossier : « Je ne suis pas optimiste en cas d’appel dans des cas semblables puisque le processus dans mon dossier et ce depuis le jour de la fermeture des bureaux du DHRC le 20 janvier 2008 a été tel que je n’entretiens plus aucun espoir pour présenter mes objections. J’ai été traitée de différentes manières ces trois dernières années : licenciée sur ordre des forces de sécurité, arrêtée de façon totalement illégale, les jugements prononcés à mon encontre, et jusqu’à la date de l’énoncé des verdicts, tout cela est basé sur une volonté du pouvoir politique et des forces de sécurité et je m’attendais à tout cela. De mon expérience de ces trois dernières années, mon dossier n’a jamais suivi le processus judiciaire. Par exemple, les forces du renseignement m’avaient parlé du verdict de 11 ans en première instance et de celui de 6 ans en appel. Donc, mon dossier n’a pas avancé selon les lois de la république islamique mais selon les changements de la scène politique iranienne. En conséquence, je doute fort qu’un autre appel puisse donner lieu à une révision juste et impartiale de mon dossier. »

Nous lui avons demandé si elle avait subi des pressions pour rédiger une demande d’amnistie ou pour faire de faux aveux contre le DHRC :  « Je ne peux pas répondre clairement mais je n’ai jamais écrit de demande d’amnistie. La constitution de la république islamique a accordé à chaque citoyen iranien le droit d’agir dans toute organisation, association ou société et nos activités au sein du Centre des Défenseurs des Droits Humains étaient entièrement basées sur les normes internationales des droits humains auxquelles l’Iran a souscrit. Le DHRC était actif dans le cadre des lois de la république islamique et de la Déclaration Universelle des Droits Humains. Nos activités étaient totalement transparentes et nous n’avions aucune activité clandestine. Je ne suis pas une criminelle et j’ai commis aucun péché pour lequel demander pardon. Je n’ai exercé aucune activité armée, illégale ou secrète. Il m’arrive de penser que chaque membre du Centre a milité pour promouvoir les droits humains et que c’était une source de fierté pour le pays. Nous ne méritons pas de telles peines. Je crois que tout ce que j’ai fait, je l’ai fait de bonne volonté et avec de bonnes intentions pour mon pays. Je suis fière de ce que j’ai fait et je sais que lorsqu’on nous envoie en prison, d’autres citoyens épris de liberté continueront notre œuvre. »

Mohammadi, mère de deux jeunes enfants, peut être convoquée pour purger sa peine à tout moment. Réfléchissant sur l’époque où elle sera convoquée et sur le futur de l’Iran elle dit : « J’ai reçu le verdict à la veille de la Journée internationale de la Femme. Comment peuvent-ils donner une peine aussi lourde à une mère à la veille de la Journée internationale de la Femme et en être heureux ? Mais supporter la douleur de la séparation est l’un des aspects, l’autre est l’espoir. Je crois que nous connaîtrons des jours meilleurs en Iran. J’ai espoir dans le changement. J’aime vraiment l’Iran. Ils ont confisqué mon passeport. Si j’avais quitté le pays illégalement, j’aurais toujours craint de ne pas pouvoir rentrer en Iran. J’aime ce pays. »

Source : http://www.iranhumanrights.org/2012/03/mohammadi-appeals/

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