dimanche 20 mai 2012

Koutchakzadeh: Poser des questions est déplacé - Fereshteh Ghazi – 13 mai 2012



Les plaintes et la confrontation que deux députés ont récemment créées à l’encontre des journalistes et des professionnels du dessin de presse en Iran ont suscité une réponse rapide et unitaire de la communauté des dessinateurs dans ce pays.

Un dessinateur de presse, Mahmoud Shokrabe, a dessiné le député, d’Arak, Ahmad Lotfi Ashtiani qui a rétorqué en portant plainte contre l’artiste. Shokrabe a été jugé coupable et condamné à être fouetté. Mehdi Koutchakzadeh, député de Téhéran, a publiquement maudit les journalistes de l’hebdomadaire Asseman à la cafétéria du parlement quand un journaliste l’a interrogé sur ce sujet.

Rooz a parlé à ces deux députés et voici leurs réponses aux questions de Rooz.

Interrogé sur les dessins et la plainte, Ashtiani n’a rien expliqué et n’a pas du tout parlé du sujet. Mais, lorsqu’on lui a demandé s’il porterait plainte également contre les autres dessinateurs qui l’avaient dessiné pour soutenir leur collègue condamné, Ashtiani a dit ne pas avoir vu les autres dessins.

Quand nous lui avons demandé s’il pensait personnellement que fouetter l’artiste était la réponse appropriée à un dessin satirique, Ashtiani a raccroché le téléphone.

L’incident a poussé Mana Nistani à demander aux autres dessinateurs de dessiner des caricatures du député d’Arak et de les poster en soutien à leur collègue. Elle a fait de même sur son site et a écrit : « En signe d’empathie avec mon collègue et pour protester contre la sainteté fabriquée de toutes pièces pour cet homme politique, je demande à tous mes collègues de ne pas rester indifférents. Il n’est pas nécessaire de créer un tumulte ou de tomber dans des pièges politiques. Prenez vos crayons et dessiner une caricature du député d’Arak sans être insultant et publiez-le sur vos blogs ou sites Web. »

Nistani a déclaré à Rooz : « J’ai écrit cette note et j’ai demandé à mes collègues de ne pas rester indifférents parce que la situation des dessins de presse en Iran pourrait empirer, et cela m’inquiète. Il est clair que le peu de dessinateurs qui travaillent actuellement vont arrêter à cause des lois actuelles. En fait, ma note voulait défendre le maigre espace où les dessinateurs peuvent encore respirer en Iran. Il n’est même pas question de faire reculer les restrictions actuelles ou de briser les tabous. »

J’ai demandé à Monsieur Nistani l’impact de son action et il a répondu : « L’impact le moins important est que les dessinateurs ont montré qu’ils étaient responsables et qu’ils ressentaient de l’empathie pour leurs collègues, même s’ils ne sont pas organisés, ou plutôt si ceux qui sont meilleurs que nous ont décidé que nous ne devrions pas avoir d’organisation. Un autre effet c’est que cela a démontré à ce juge qu’il n’était pas une autorité supérieure et que les dessinateurs défendraient aisément leurs droits. Que signifie cette action du gouvernement quand il existe une biennale du dessin de presse soutenue par le gouvernement iranien où les dessinateurs sont non seulement autorisés à dessiner le portrait des personnalités politiques ou non, mais reçoivent même des récompense pour avoir réalisé ces œuvres, tandis qu’une autre partie du gouvernement menace un dessinateur puni pour avoir dessiné un député ?

D’autres dessinateurs ont vite répondu à l’appel à la solidarité de Mana et les dessinateurs suivant ont posté des caricatures d’Ahmad Lotfi Ashtiani sur les propres blogs ou Web sites ou sur ceux des autres : Tooka Nistani, Djamal Rahmati, Nikahang Kowsar (qui publie sur Rooz), Vahid Nikgou, Payam Boroumand, Hanif Bahari, Shahabodin Alavi, Morteza Khosravi, Soheil Shakeri, Sepehr Ali Mohammadlou, Ali Tadjadod, Kasra Abbasabadi, Sassan Khadem, Mohammad Tadjik, Vahid Djaafari, Khayam Movidi, Saïd Sadeghi, Hamed Shamlou, Mohsen Irani, Djahangir Darmani et Naïm Tadvin.

Quand j’ai dit à Mana que le député d’Arak avait dit ne pas avoir vu les autres caricatures, il a répondu : « Quand nous aurons rassemblé toutes les œuvres et si Monsieur le député le demande, nous les publierons toutes dans un livret pour lui offrir en souvenir. J’espère qu’il comprendra le fait que, lorsqu’un dessinateur choisit un sujet, il présente en fait une partie de son propre esprit dans son œuvre. Il lui fait une faveur et c’est une chose que j’aimerais que Monsieur Lotfi comprenne. »

Monsieur Shokrabe est dessinateur dans la publication Name Amir d’Arak. Ce n’est pas la première fois qu’un dessinateur se retrouve devant un tribunal en Iran à cause de son travail. Hassan Karimzadeh, Touka Nistani, Nikahang Kowsar, Mana Nistani et Keyvan Zargar font partie des dessinateurs iraniens qui ont eu à faire avec la justice à cause de leur travail.

Plus tôt Hassan Karimzadeh a également été condamné à être fouetté pour son travail et Massoud Shokrane est donc le second dessinateur à être ainsi condamné en Iran.

Koutchakzadeh maudit les journalistes

Mehdi Koutchekzadeh, député de Téhéran a attaqué verbalement Saïd Shams, journaliste de l’hebdomadaire Asseman et l’a maudit quand il l’a interrogé sur le sujet. D’après les site Web Baztaf, Koutchekzadeh a maudit et insulté Saïd Sham et Mohammad Ghouchani, journaliste et rédacteur en chef de l’hebdomadaire Asseman dans la cafétéria du parlement. En hurlant contre les journalistes, Koutchekzadeh criait que Ghoutchani valait moins que le chien de Mortazavi.

Quand Rooz a demandé à ce député si sa conduite était digne d’un député, sa réponse a été : « Cela ne vous regarde pas. Vous n’avez pas à me le demander. » Quand le journaliste a insisté pour obtenir une réponse, Koutchekzadeh a dit : « Vous n’avez pas l’air très intelligent. Vous ne comprenez pas le Persan. Je ne vous aime pas et je hais ceux qui adorent les étrangers. » Le journaliste de Rooz a alors dit : « Mais vous appartenez au comité culturel du parlement et on est en droit d’attendre mieux que ça de vous » ce à quoi il a répondu : « Si je dois apprendre à parler de vous, amoureux des étrangers, ma situation serait vraiment intenable. »  Et quand le journaliste a demandé : « Est-ce-que votre situation aujourd’hui est tellement bonne que vous puissiez attaquer un journaliste au parlement ? » Koutchazadeh a raccroché le téléphone.

Il faut noter que le dessin à l’origine de l’attaque est une image relativement bénigne du député sans aucune connotation politique.

Source: http://www.roozonline.com/english/news3/newsitem/archive/2012/may/13/article/kootchakzadeh-asking-questions-is-out-of-place.html

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