samedi 19 mai 2012

La Démocratie en Iran a besoin de Patience et d’Intelligence – Taghi Rahmani – 15 mai 2012


Lors de mes précédents articles, j’ai écrit sur ce dont le mouvement pro-démocratie en Iran a besoin et qui peut aussi servir de principes d’unité pour ses actions. Pour continuer, je crois que, pour construire des fondations démocratiques, il faut reconnaître trois problèmes fondamentaux :

1. La compréhension des promoteurs de la démocratie et de leur public cible.
2. L’identification des forces effectives à l’intérieur du régime capables d’aider le processus
3. Les potentiels et capacités des forces pro-démocratie de proposer des actions réalisables qui pousseront ses sympathisants à agir avec une vision spécifique.

Il convient d’y ajouter d’autres facteurs liés à la situation économique et sociale.

L’importance de la compréhension du pouvoir, de la position et des qualités des sympathisants de la démocratie ne peut être surestimée. Si nous acceptons que les sympathisants de la démocratie sont au cœur dans la compréhension, le dialogue et les accords, alors les discussions et les actions seront en pratique et en théorie unifiées et rapprochées. Les personnes qui soutiennent la démocratie en Iran veulent un forfait de liberté qui inclut les libertés civiles, les libertés professionnelles, les libertés ethniques et une égalité des sexes. Mais la position, le pouvoir et les caractéristiques de sections de la société qui y sont favorables doivent être compris et identifiés dès le début, avant même une discussion sur les théories et actions spécifiques, qui appartiennent à une phase ultérieure. En d’autres termes, si l’on ne connait pas la situation actuelle, on discutera sans fin des demandes et des désirs plutôt que des possibilités actuelles et réalisables et des buts réels. Donc, si une vision à long terme est certainement nécessaire, elle n’est pas suffisante en elle-même.

En bref, on peut dire que les parties de la société qui désirent la démocratie dans une économie basée sur le pétrole n’ont pas les moyens de s’organiser par elles-mêmes, et ce parce que même sous les meilleurs auspices, un tel gouvernement ne fournirait que des moyens de survie à la population et ne tolèrerait pas une identité indépendante de la population.

Les parties de la société favorables à la démocratie ont une présence bien visible et des relations au sein de la population du pays mais elles n’ont aucun pouvoir tangible. En d’autres termes, il leur manque une présence puissante et décisive qui puisse attirer indépendamment les politiques au pouvoir pour exposer et défendre leurs intérêts. Par exemple les docteurs, les ingénieurs, les avocats, etc… qui en Iran manquent d’organisation indépendante pour protéger et promouvoir leurs intérêts.

Ces portions de la société manquent de l’influence traditionnelle dont jouissent les classes moyennes occidentales. Mais est-ce à dire qu’elles n’ont aucun pouvoir ? Le pouvoir a des attributs spécifiques qui ne se manifestent que dans certaines circonstances quand ils ont utilisés à bon escient pour atteindre une position sociale sûre ou renforcer les jeunes institutions indépendantes de la société civile. Donc, le potentiel et le pouvoir de cette partie de la société doit être convenablement comprise dès le départ, ce qui peut être accompli à deux niveaux :

1. Ses forces, c’est-à-dire le rôle que cette partie de la société joue dans la bureaucratie, les structures et les relations sociales du pays en tant qu’élite éduquée de cette société qui dirige ce pays.
2. Ses faiblesses : c’est-à-dire leurs contraintes par rapport à l’argent disponible dans le régime basé sur le pétrole qui peut réduire le pouvoir des classes moyennes en se mobilisant pour canaliser l’argent et les ressources d’autres secteurs de la société. Dans le même temps, la dépendance d’une grande partie des classes moyennes à l’argent de ce régime basé sur le pétrole doit être comprise. Durant les manifestations de rue, les sympathisants de la démocratie étaient menacés de licenciement quand ils occupaient un emploi de fonctionnaire ou assimilé, les incitant ainsi à se taire. 

Il est donc important d’analyser les faiblesses et les forces de ce secteur de la société pour apprendre les conditions optimales lui permettant de résister aux pressions. Est-ce durant les périodes électorales, les époques de crises économiques ou des cadres, des faiblesses du régime à cause de ses dissensions internes ou à la pression internationale, etc. ? En apprendre plus aider les chefs pro-démocratie à utiliser ses forces plus efficacement. 

Gardant cela à l’esprit, chaque action envisagée par les chefs pro-démocratie doit être évaluée pour savoir si elle mobilisera le peuple. Quels slogans spécifiques produiront la vague sociale bénéfique au dialogue entre les différents groupes sociaux et ses militants ? C’est ainsi que la bouée de sauvetage est reliée au mouvement pro-démocratie. Ce qui signifie lier la politique à la vie, une coexistence de la société civile avec la politique. C’est ainsi qu’on peut créer une vague. Des vagues multiples peuvent éventuellement exercer des pressions sur la dictature. Si l’opposition n’est pas en phase avec la société, les deux seront exploités par le régime. Ceci dit, il est maintenant important de discerner quels groupes et individus ont agi durant les manifestations du Mouvement Vert.

Il est important pour le Mouvement Vert de faire des recherches sur le sujet pour comprendre la meilleure façon d’agir et quand de façon à ce que, si ces évènements devaient se répéter, ils continuent jusqu’à ce que la société atteigne la démocratie.

L’analyse des hauts et des bas des jours où le mouvement en faveur de la démocratie s’engageait dans des actions de rue, la compréhension des aptitudes du régime, y compris les actions spécifiques du mouvement pro-démocratie peuvent constituer un bon guide pour le futur. Nous savons que le futur apportera plus de tensions mais la réponse juste et le succès de la société civile dépendront de notre patience et de nos actions. Nous ne devons pas oublier qu’il n’est pas très difficile de commencer à manifester en Iran. Et même si la situation n’y est pas très favorable actuellement, cela s’est déjà passé plusieurs fois dans le passé. Il importe que lorsque les mouvements favorables à la démocratie commenceront à bouger, il s’établisse et s’officialise. Et changer quelque chose en une institution et « l’officialiser » est la tâche la plus difficile de notre société. C’est ce à quoi nous devons penser, c’est à ce problème qu’il faut trouver une solution.

Source : http://www.roozonline.com/english/opinion/opinion-article/archive/2012/may/15/article/iranian-democracy-requires-patience-and-intelligence.html


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire