jeudi 23 août 2012

77 disciplines universitaires ne sont plus autorisées aux étudiantes – Behrouz Samadbeighi – 7 aout 2012


77 disciplines universitaires ne sont plus autorisées aux étudiantes – Behrouz Samadbeighi – 7 aout 2012 

Les 935.000 candidats à l’entrée dans les universités iraniennes pour la prochaine année universitaire rencontrent un sexisme sans précédent dans certaines disciplines. Des nouvelles restrictions, qui n’ont pas été annoncées, empêchent les femmes de poursuivre certaines études universitaires. La plupart de ces disciplines concernent les études d’ingénieur qui, jusqu’à l’année dernière, étaient également permises aux hommes et aux femmes. Avec la nouvelle réglementation, 77 disciplines au niveau de la licence seront interdites aux femmes dans les 36 universités d’état.

Du 28 au 30 juin de cette année, 1.660.000 candidats ont passé le concours national d’entrée à l’université en Iran. 935.000 l’ont réussi et doivent annoncer à l’organisation nationale de l’évaluation de l’éducation leur choix de discipline avant le 13 août puis attendre la réponse de l’agence. Jusqu’à très récemment, la large participation des femmes dans quatre disciplines, les sciences empiriques, les sciences humaines, les arts et les langues étrangères, ont fait les gros titres. Aujourd’hui la discrimination par sexe, généralisée et sans annonce préalable est le sujet principal des informations. Les réactions à ces nouvelles restrictions ont été si nombreuses que même l’organisation nationale de l’évaluation de l’éducation universitaire du ministère de l’éducation a pris position contre elles et qu’une révision ou même une annulation de cette décision soit en cours d’étude.

Le responsable des tests de l’organisation a rejeté la discrimination par le sexe dans les universités : « A cause de certaines dispositions, certaines universités peuvent, au travers de leurs examens annuels, n’accepter que des hommes ou des femmes dans certaines disciplines universitaires, mais cela ne veut pas dire que l’admission dans ces disciplines est confinée à un sexe ou à l’autre puisque les autres universités suivent leurs propres politiques d’admission ; les candidats peuvent donc postuler dans ces mêmes disciplines dans d’autres universités.

Seyed Djalal Tabatabaï accepte implicitement la nouvelle décision des universités : « Les nécessités d’admission des étudiants dans différentes disciplines sont déterminées par les universités et, en principe, ces décisions sont prises en fonction des besoins et des nécessités de la société. Donc, suivant les années, certaines disciplines sont réservées aux hommes ou aux femmes. »

Le directeur général pour l’expansion de l’éducation au ministère des sciences, de la recherche et des technologies est cependant plus direct : « Les universités font des plans pour le futur de l’éducation supérieure dans les provinces et d’autres endroits du pays sur la base des résultats obtenus au concours d’entrée et de la situation de l’éducation supérieure dans le passé. Ils prennent aussi en compte leurs capacités et les besoins de la société. Certaines disciplines ne sont pas en adéquation avec la nature des femmes comme la machinerie agricole ou les mines surtout en raison de l’effort physique qu’elles impliquent. L’expérience montre que les femmes ne sont pas professionnellement actives après avoir été admises dans ces domaines et même après leur diplôme, ce qui crée du chômage pour les diplômées » dit Seyed Abolfazl Hassani.

Cependant, quelques jours après ces remarques, il a été obligé de changer de position : « On a envoyé des lettres aux chefs de ces universités pour connaître les raisons de leur décision parce que, si une université décide de n’accepter que des hommes ou que des femmes dans certaines disciplines, elle doit auparavant mettre en place les infrastructures nécessaires à une telle séparation des sexes. »

Hossein Tavakoli, conseiller principal à l’organisation du concours d’entrée, a également annoncé qu’une nouvelle directive avait été mise en place dans l’organisation et qu’elle résoudrait les problèmes de restriction suivant le sexe.

Parmi les démentis et les annonces des officiels, l’agence de presse Mehr a regardé de plus près le manuel sur la sélection et en a conclu que 36 universités n’offrent pas d’études de DEA pour les femmes dans 77 filières spécifiques. L’année dernière, ces mêmes universités accueillaient les femmes dans les mêmes disciplines qui leur sont aujourd’hui interdites.

Par exemple, une université d’Ardebil a 24 disciplines, une au Lorestan 18 et l’Ecole Internationale Imam Khomeiny 15 qui n’acceptent que des hommes dans ces 77 disciplines.

L’ingénierie de développement urbain, l’urbanisme au niveau du DEA dans 15 universités ont le plus grand nombre de places réservées uniquement aux hommes. Ils sont suivis par le management et les programmes d’ingénierie des mines où 12 universités n’acceptent que les hommes.

Mais les disciplines universitaires interdites aux femmes ne se limitent pas à cela ; d’autres comme la comptabilité, l’éducation, la restauration de monuments historiques, la chimie pure, etc… leur sont également interdites.

A ce propos, l’université de l’industrie pétrolière a aussi annoncé que « pour le moment, elle n’avait pas besoin de femmes. » Le chef de bureau des relations publiques de cette école a annoncé que « la direction de l’industrie pétrolière ne croit pas que les conditions de travail difficiles dans cette industrie les rendent adaptées aux femmes. Suivant des études récentes menées par le bureau des relations publiques de l’université de l’industrie pétrolières, toutes les étudiantes n’étaient pas satisfaites de cette discipline et des conditions de leur admission. » D’après lui, entre 1939 et 2000, il n’y a pas eu d’étudiantes dans cette école. Depuis 2000, les femmes étaient acceptées dans toutes les disciplines sauf le forage.

D’après Khabar Online, le dépliant des cours de l’université Tabatabaï montre que les disciplines suivantes sont réservées aux hommes cette année : le travail social, la comptabilité, la direction industrielle et la direction d’hôtels alors que d’autres sont réservées aux femmes : l’éducation, les sciences politiques, les études de bibliothécaires et celle de diffusion de l’information. L’université Tchamran d’Ahvaz a également pris des mesures pour n’accepter que des hommes dans les études d’ingénieur. Ce qui interdit aux femmes de poursuivre leurs études en mathématiques et en technologie dans cette province. Comme ces deux écoles sont les institutions principales d’éducation supérieure de la province, ce refus implique que, pour la première fois, les femmes ne pourront y étudier les disciplines liées au pétrole. Cette restriction pour les femmes n’existe pas dans d’autres universités comme celles de Téhéran, Shiraz ou Tabriz. Ce qui oblige les femmes intéressées par ces disciplines à déménager dans d’autres régions du pays, ce qui les rend moins performantes à cause des  points forts des résidentes de ces provinces.

La ségrégation des sexes est une politique menée sérieusement par l’administration de Mahmoud Ahmadinejad et défendue à de nombreuses reprises par son ministre des sciences Kamran Daneshjou. Sa base consiste en la séparation des hommes des femmes sur les campus. Mais le bureau du président a délivré une directive spéciale au ministère des sciences et des universités doutant de l’utilité des classes réservées à un seul sexe que quelques universités ont mises en place et demandant l’arrêt de cette pratique. Mais la ségrégation continue dans les institutions et se répand même comme l’indiquent les nouvelles politiques

Source : http://www.roozonline.com/english/news3/newsitem/archive/2012/august/07/article/77-academic-subjects-announced-not-suitable-for-women.html

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