jeudi 15 août 2013

Interview des mères de Hossein Ronaghi-Maleki et Abolfazl Abedini-Nasr

Zoleikha Moussavi, mère de Hossein Ronaghi Maleki a dit à Jaras qu’elle était très inquiète : « J’ai vu Hossein la semaine dernière et il s’est plaint d’un très fort mal aux reins qui l’a empêché de dormir pendant quatre nuits. Il a dit avoir parlé à monsieur Khodabakhsh, substitut du procureur et lui avoir dit que s’il n’obtenait pas de libération provisoire, il lancerait une grève de la faim. Monsieur Khodabakhsh lui a dit qu’il s’en moquait. Il lui avait dit auparavant qu’il finirait bien par mourir et qu’au bout de quelques jours, tout se calmerait et qu’on l’oublierait.

J’ai dit à Hossein que ces gens ne me prêtaient aucune attention, je l’ai supplié d’attendre que je me rende au bureau du procureur pour soumettre une autre demande officielle de libération provisoire. J’y suis allé le lendemain et on m’a dit que monsieur Khodabakhsh n’était pas au bureau. Mais il y était. Alors j’ai dit tout ce que j’avais à dire juste derrière la porte pour que monsieur Khodabakhsh entende que mon fils ne pouvait pas dormir à cause de la douleur et aussi qu’il était en train de perdre son rein droit. Mais personne n’y a prêté attention.

J’ai continué à m’en occuper. On m’a dit qu’il n’aurait pas de liberté provisoire mais qu’on s’occuperait de ses besoins médicaux. Mais les médecins ont bien spécifié que Hossein avait besoin de spécialistes et la prison n’a pas d’équipements médicaux pour répondre à ses besoins. Hossein a été opéré sept fois et chaque fois on l’a ramené en prison ce qui a causé le retour de sa maladie avec toujours plus de douleur. C’est la prison qui a causé la maladie de Hossein et pourtant il lui refuse une liberté provisoire.

Je ne comprends pas quelle sorte de musulmans ils sont ; maltraiter ainsi nos enfants. S’agit-il de meurtriers pour les soumettre à tant de mauvais traitements ? On me demande pourquoi j’accorde des interviews. La vie de mon fils est en danger et, qui que je voie, personne ne me prête attention. Alors comment me faire entendre ? Il n’existe aucun lieu où je ne me soies rendue, les bureaux du parlement, ceux de la justice, le bureau de monsieur Laridjani, mais personne n’a voulu me répondre. J’ai parlé à monsieur Khodabakhsh et il m’a répondu qu’il n’avait pas envie. Et ils prétendent suivre le chemin du Prophète. Ils embarrassent le prophète avec une telle conduite. Le prophète rendait visite à ses ennemis, alors de jeunes innocents dont la vie est en danger, enfermés à cause d’accusations mensongères… Je suis une mère. Je suis venue d’Azerbaïdjan à Téhéran pour m’occuper de mon fils et la seule réponse que j’obtiens c’est qu’il n’a pas envie. Si vous êtes assis derrière ce bureau, c’est bien parce que vous avez la responsabilité de nous répondre ? Aujourd’hui, Hossein en est à son troisième jour de grève de la faim. Vous ne pouvez pas imaginer ce que je ressens. Le rein gauche de Hossein ne fonctionne plus et qui me répondra si son rein droit suit le même chemin ? Je demande qu’on lui donne une liberté provisoire pour qu’il puisse recevoir des soins et ne pas perdre son rein droit aussi. Avant qu’une autre catastrophe n’arrive, s’il vous plaît, écoutez-nous. Est-ce trop demander ? »

Seyed Ahmad Ronaghi Maleki, père de Hossein Ronaghi Maleki s’est présenté à la huitième chambre du tribunal révolutionnaire de Tabriz après y avoir été convoqué le 11 août. Madame Moussavi a parlé de sa visite au tribunal avec son mari : « La convocation se rapportait à ce qui s’est passé au camp de Sarand et avec l’arrestation de 30 bénévoles qui venaient aider dans cette région d’Azerbaïdjan frappée par un tremblement de terre. On nous a donné un numéro de dossier et on nous a dit de revenir dans quelques jours. »

Hossein Ronaghi Maleki fait partie des personnes détenues en 2009 suite à l’élection présidentielle contestée. Il a été arrêté par les gardes révolutionnaires à son domicile et a été condamné à 15 ans de prison par la 26ème chambre du tribunal révolutionnaire présidé par le juge Pir-Abassi.

La mère de Hossein Ronaghi Maleki a conclu par la tristesse de la situation actuelle. « On dit qu’il en ont amnistié certains mais cette liberté dont ils parlent est donnée à des prisonniers non-politiques comme des voleurs et des meurtriers. Hossein et d’autres prisonniers politiques sont en prison depuis quatre ans. Lequel d’entre eux a été amnistié ? Aucun de ces prisonniers politiques innocents n’en fait partie. Ils perdent leur vitalité et souffrent de leur mauvaise santé et personne ne veut répondre. Pourquoi ? »

Abolfazl Abedini, prisonnier politique également en grève de la faim, ne va pas bien, sa santé est mauvaise. Abedini a témoigné devant le magistrat enquêtant sur la mort du bloggeur Sattar Beheshti qui a perdu la vie durant des interrogatoires menés par la police. Même s’il avait reçu l’assurance que son témoignage n’aurait aucune conséquence, il a brutalement été transféré de la prison d’Evine à celle de Karoun à Ahvaz. Pour protester contre son transfert illégal, Abedini a annoncé qu’il se mettait immédiatement en grève de la faim et qu’il n’y mettrait fin qu’à son retour à la prison d’Evine.

Abedini souffre de problèmes cardiaques (maladie de la valve mitrale) et hépatiques. Sa santé s’est dramatiquement dégradée en conséquence de sa grève de la faim et des pressions psychologiques intenses.

Assareh Eyvazi, mère d’Abolfazl Abedini en grève de la faim depuis le samedi 27 juillet a dit à Jaras : « Voilà plus de deux semaines qu’Abolfazl a commencé sa grève de la faim et il s’affaiblit chaque jour. Il a appelé et j’ai eu beau essayer de le persuader d’arrêter, il continue. Son frère et moi l’avons supplié mais il a dit qu’il continuerait. Je suis très inquiète mais aucun responsable ne s’en soucie. J’ai écrit des lettres partout mais je n’ai reçu aucune réponse. On prétend qu’il va y avoir des amnisties mais les dossiers judiciaires de nos enfants ne font que grossir. Mon fils a été condamné à 12 ans de prison et il a passé ces quatre dernières années derrière les barreaux sans un seul jour de permission. Les familles des prisonniers politiques sont destinées à passer leur temps dans l’inquiétude. Il n’y a aucun signe de liberté pour les prisonniers politiques. Nos enfants ont servi le peuple et ceux qui sont libérés sont des criminels qui ont fait du mal aux gens et à leurs biens ! »

En avril 2010, le tribunal révolutionnaire d’Ahvaz a condamné Abolfazl Abedini à 11 ans de prison pour « association avec des gouvernements hostiles, militantisme pour les droits humains et propagande contre le régime par des interviews aux médias étrangers ». Un an plus tard, il a eu droit à un autre procès à la 28ème chambre du tribunal révolutionnaire présidée par le juge Moghiseh ; il y a été condamné à un an de prison de plus pour « propagande contre le régime. » Ce militant des droits humains en prison depuis quatre ans pour purger sa peine de 12 ans est soumis chaque jour à des pressions accrues et à des contraintes supplémentaires.

Source : http://www.rahesabz.net/story/74130/

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