dimanche 11 août 2013

Lettre de Hossein Ronaghi-Maleki à Abolfazl Abedini

Au nom de la justice
Tu vis en moi
Et moi en toi
Nous ne mourrons jamais
Toi, moi et des milliers d’autres,
Nous prendrons cette route.
La victoire nous appartient
La joie et la prospérité nous appartiendront.
Mon bien-aimé, 
Le monde va s’épanouir
Et chaque tulipe née du sang des martyrs
Est une promesse du jour à venir qui sera libre

Houshang Ebtehadj

A mon frère emprisonné et souffrant, Abolfazl Abedini :

Voici aujourd’hui 14 jours que tu es en grève de la faim à cause de ton transfert illégal. Penser à la tyrannie et aux persécutions utilisées pour réprimer les personnes éprises de liberté comme toi, le son de ta voix me rappellent cette ballade inspirante bien loin des murailles d’Evine. Elle venait de la terre du Khuzestân : « Si tu entends un musulman pleurer et que tu ne réagis pas, tu n’es pas musulman. »

Mon cher ami, je te connais depuis des années, depuis l’époque où tu étais la voix des travailleurs opprimés qui souffraient des injustices courantes ; de l’époque où les rues étaient pleines de feu, de fumée et des cris brisés de milliers d’Iraniens qui y étaient descendus pour manifester, appelant à la justice alors qu’ils étaient attaqués ; et ensuite, à l’époque de la prison, des pressions et des mauvais traitements, quand tu as triomphé de la pression de ceux qui t’interrogeaient et que tu es resté en prison.

Je sais que tu es décidé et que tu t’es fait des promesses. C’est malheureusement ta bienveillance et ta persévérance dans l’humanité qui t’ont mis, toi et ta famille dans une situation si difficile.

Je sais que notre détermination et notre persévérance nourriront le futur des enfants de ce pays et je ne peux donc pas m’opposer à ta protestation ou à tes convictions. Je ne peux pas te dire de penser à ta propre santé, à ta propre vie dans ces jours difficiles où tu n’as personne à tes côtés pour porter ta voix. Nous sommes des vagues manquant de tranquillité.

Je resterai à tes côtés, je ressentirai ta douleur car si nous ne restons pas ensemble, nous ne trouverons personne avec qui suivre notre chemin. Je sais que l’égoïsme de certains n’a fait que prolonger ton destin amer au point que tu es prêt à te sacrifier pour la poursuite de la lutte. Ton emprisonnement, celui de Madjid Dori et de Zia Nabavi dans la prison de Karoun aux conditions inhumaines, mêlés que vous êtes aux malfaiteurs dangereux est un sacrifice très lourd dont vous et vos familles payez le prix.

Je sais que tu es en grève de la faim pour protester contre la tyrannie, l’oppression, le manque de légalité, l’assignation à domicile de Mir-Hossein Moussavi, Zahra Rahnavard et Mehdi Karroubi. Nous partageons tous cette douleur, nous sommes tous opposés à ce climat d’outrages et d’injustice, tu ne devrais donc pas te retrouver seul dans cette voie.

Tu sais que nos mères sont unies sur ce chemin car il c’est un calvaire pour toute mère de voir son enfant s’éteindre comme une chandelle. Si nous n’avons pas de camarade, personne pour faire entendre notre voix, nos mères seront nos porte-voix, elles seront à nos côtés car elles ressentent nos peines et nos souffrances. Je sais qu’avec le soutien de nos mères, notre lutte finira par changer le cours du destin.

Je serai ton compagnon dans tes inquiétudes sur le futur de l’Iran, sur la situation d’Arash Sadeghi à l’isolement et dont personne n’a de nouvelles, et sur les milliers d’Arash et de Neda qui ont payé et qui paieront le prix pour poursuivre ce chemin.

Je lance une grève de la faim pour manifester contre les responsables qui ignorent la santé des prisonniers politiques, les besoins médicaux des militants politiques malades qui sont en prison, les pressions impitoyables sur ma famille, le transfert arbitraire de prisonniers politiques innocents, la situation inhumaine des prisonniers politiques, leur mise à l’isolement et la continuation des actions illégales et violentes.

Que notre santé et notre vie mettent fin à l’emprisonnement, à la torture et aux chaînes qui entravent les mains et les pieds de ceux qui recherchent la liberté. A une époque où rien n’a changé, crions que nous exigeons le changement pour promouvoir la moralité, la dignité, la légalité et la valorisation de la santé mentale et physique des humains.

Mon cher Abolfazl,

La vie est pour nous, artistes, une belle scène,
Chacun chante sa propre chanson
Dans la scène qui convient.
On se souviendra de nous
Une larme à la fois.
Ton image que j’oublierai doucement
Vivre dans la joie est un art.
Ne t’approprie pas la joie des autres
Car comme la nature morte du jour et de la nuit
Nous serons privés de toute joie
L’absence de douleur ne risque pas de nous atteindre.

Seyed Hossein Ronaghi Maleki – prison d’Evine

Source : http://www.kaleme.com/1392/05/20/klm-154375/


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