dimanche 19 octobre 2014

Lune de miel avec tous les courants – Issa Saharkhiz – 16 octobre 2014


Il est vrai que le président représente tous le Iraniens, même ceux qui n’ont pas voté pour lui ou ceux qui sapent continuellement sa politique. Mais tenter de plaire à tous les courants n’a aucune signification et est, de plus, infaisable.

L’histoire d’Hassan Rouhani se métamorphose en une situation étrange : il doit maintenant se montrer proche de tous les courants et donc les mécontenter tous. Contrairement aux dires du porte-parole du gouvernement après le conseil des ministres, qui répondait au député Ali Motahari qui avait qualifié d’ « illégale » l’assignation à domicile des dirigeants du Mouvement Vert, Rouhani a déclaré chercher à « calmer » la situation dans le pays et à « contenter tous les courants. »

Mais la stratégie de contenter tout le monde est maintenant en train de devenir nocive. Les médias favorables au président et ses conseillers devraient arrêter le politiquement correct et informer le président de tous les obstacles mis à sa politique et à ses idées pour qu’il se rende mieux compte de la situation.

La réalité lui montrerait que la lune de miel entre le gouvernement et les courants politiques extrémistes du pays, n’est que de façade et imposée d’en haut. Il est à noter que les autres courants conservateurs n’ont pas, au début, mis d’obstacles au gouvernement, ils n’ont désormais plus de réserves à le saper à chaque fois que l’occasion se présente.

Les extrémistes et les conservateurs suivent deux stratégies différentes pour atteindre le même but qui n’est autre que mettre en échec le gouvernement ou peut-être l’évincer avant la fin de son mandat.

Au fil du temps, alors que les buts modérés des durs deviennent plus difficiles à atteindre, l’alliance des conservateurs avec les extrémistes va se renforcer, en dépit de leurs différences. La nature totalitaire de ces deux mouvements, les extrémistes et les conservateurs, va se renforcer et devenir un problème plus grave pour le gouvernement alors que le nombre de ses supporters diminue et que la critique de ceux qui ont voté pour Rouhani sort de la sphère privée. Alors que Rouhani arrive à mi-mandat, leurs critiques vont s’intensifier et davantage s’exposer.

Rouhani doit savoir que le résultat des urnes ne reflète pas obligatoirement les réelles aspirations des masses, de la même façon que le résultat des élections a différé de ce qui s’était réellement passé dans les isoloirs. La réalité du terrain indique que 60% des votes pour Rouhani pourrait en fait être davantage un résultat des sondages que le reflet de ce que les gens pensent vraiment. La tendance générale des groupes politiques et des élus est généralement davantage à la perte de soutien plutôt qu’à son augmentation. Et ce sera le cas pour Rouhani puisque beaucoup de ses soutiens du début ont déjà rejoint l’opposition ou au moins la critique.

Le président doit faire plus de cas de ses critiques car ils sont meilleurs que ses supporters ignorants et malavisés. Et tandis qu’il s’attaquait à la flagornerie à l’université de Téhéran la semaine dernière, son  gouvernement doit la promouvoir dans tout le pays et dans toutes les couches de la population pour que les médias et les écrivains puissent présenter les sentiments et les souhaits réels du peuple, sans peur d’être arrêtés, harcelés ou punis.

Pour résumer, la lune de miel entre le gouvernement et certains de ceux qui ont voté pour lui est terminée. Toute action imprudente peut avoir des conséquences irréparables et désespérer la plus grande partie de la majorité.

La situation ne permet peut-être pas à la majorité de la population d’exprimer son opinion, mais ce qui se dit dans la rue, dans les taxis ou dans le métro c’est ce que disent plusieurs de ses supporters les plus sincères, comme le député Ali Motahari dans sa lettre.

« D’après l’article 113 de la constitution, le président est responsable du respect de la constitution et, si l’un des deux autres pouvoirs viole la constitution, il peut au moins utiliser le soutien du peuple pour le mettre en garde ou l’avertir ; l’opinion publique jouera alors son rôle. »

« La constitution doit être mise en œuvre, pas conservée sous cloche. »

Source :  : http://www.roozonline.com/english/news3/newsitem/archive/2014/october/16/article/honeymooning-with-all-factions.html

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