dimanche 9 novembre 2014

Interview d’Amine (Peyman) Tchalaki après sa sortie de prison – Fereshteh Ghazi – 2 Novembre 2014 : Nous ne nous repentons pas, nous avons foi en notre lutte





La semaine dernière, à sa sortie de la prison d’Evine où il avait passé ces quatre dernières années en tant que prisonnier politique, Amine (Peyman) Tchalaki, l’adjoint au directeur de campagne de Mir-Hossein Moussavi en 2009 à Saveh, a brandi une photo de son ancien patron pour défier ceux qui l’avaient arrêté, condamné et emprisonné.

Rooz a interviewé Tchalaki qui a expliqué : « La photo de Moussavi que j’ai brandie devant la prison le disait : non seulement nous ne nous repentons pas mais nous avons la ferme intention de continuer sur la même voie. »

Tchalaki a été arrêté avec son épouse le 17 janvier 2010 dans la ville de Saveh. Les agents ont interrogé sa fille de trois ans. Son épouse a été condamnée à deux ans avec sursis et lui à quatre ans fermes. Mais cet interrogatoire au milieu de la nuit n’a pas été le seul calvaire de Mana Tchalaki. Quatre ans plus tard, quand elle a eu besoin de soins médicaux suite à un accident à la main, elle n’a pas pu être hospitalisée car elle ne pouvait fournir l’autorisation écrite de son père qui était en prison. Les fonctionnaires pénitentiaires, n’ont pas permis à Amine Tchalaki de rendre visite à sa fille lorsqu’elle s’est blessée, mais, en plus, ils n’ont pas permis à sa fille de lui rendre visite.

« Depuis ma libération, une de mes inquiétudes les plus sérieuses concerne mes amis encore emprisonnés, dont Mir-Hossein Moussavi, Monsieur Karroubi et Madame Zahra Rahnavard. Tant qu’ils sont assignés à domicile, ma libération ne veut rien dire. La liberté est un phénomène social et ne veut rien dire s’il n’y a qu’une personne à en bénéficier. Je m’inquiète pour les personnes emprisonnées, surtout que la situation de la section 350 ne fait qu’empirer. Les traitements médicaux sont très difficiles à obtenir. Notre ami Naïmipour est devenu sourd à cause d’une déchirure au tympan ; il a besoin de traitement médical mais le bureau du procureur le lui interdit. Monsieur Abdol-Fattah Soltani a besoin de traitement médical pour son cœur, mais on le lui interdit. Je m’inquiète pour eux et d’autres et même si je suis sorti de prison, une partie de moi est encore avec eux. »

« La prison a été pour moi une excellente occasion pour me rapprocher d’amis venant d’horizons différents, comme le Mouvement Vert a permis de concentrer différentes personnes, de les écouter. Ce fut une bonne occasion de lire 24.000 à 25.000 pages de livres, de se concentrer et de penser plus profondément. Je pense que celui qui en a parlé le mieux est Mir-Hossein Moussavi quand il a mis l’accent sur la patience. De la même façon que le silence a une valeur en musique et que d’autres notes se définissent par le silence, l’atmosphère politique et sociale en Iran a aussi besoin de silence et de plus de patience. Un évènement majeur a eu lieu en 2009, un évènement d’importance qui servira de phare à la lutte de la prochaine génération. Je pense que l’ingénieur Moussavi a exposé ces notions profondes dans ses 17 déclarations, claires, détaillées et précises. J’ai changé d’avis. Je pense que notre peuple poursuit sa lutte politique à travers le gouvernement. Cela fait plus de 100 ans, depuis le mouvement constitutionnel, que tous les efforts de ceux qui luttent pour la liberté de ce pays reposent sur le gouvernement. Je crois que l’engagement politique devrait se mener au travers de la société civile. On nous l’a interdit depuis des années. Il nous faut retourner à la société civile et y travailler. Les appels à la démocratie n’aboutiront pas tant qu’ils ne s’enracineront pas dans les piliers de la société civile. Les évènements qui ont eu lieu dans ce pays après la période réformatrice montrent que nous avons échoué à approfondir ces concepts dans la société civile. Beaucoup des buts atteints pendant la réforme ont été perdus ensuite. J’espère que j’aurai l’occasion de faire plus dans cette voie. J’ai senti que la première chose qui m’est arrivée après ma libération était révélatrice. La photo que j’ai brandie devant la prison proclame que nous ne nous repentons pas mais qu’au contraire, nous avons foi dans notre voie. La plupart des personnes en prison sont d’honnêtes gens et ont confiance dans la voie qu’ils empruntent. Il est plus que certain qu’il s’agit du même chemin pour lequel nous avons payé un prix si élevé»

« J’ai besoin de me réadapter à cette nouvelle atmosphère. Voyez-vous mes amis, il faut écouter davantage. Mais peu importe, ce chemin est incontournable. Les gens continueront certainement à demander les mêmes choses et à lutter pour elles. Et nous aussi devons poursuivre. Ces dernières années ont montré que la lutte et la résistance dont Moussavi, Karroubi et Rahnavard ont fait preuve dans la défense de leur cause est le prix à payer pour atteindre nos buts. Les élections de 2013 ont montré que le peuple continue à formuler les mêmes demandes et saisissent toutes les occasions. Non seulement le peuple n’est pas indifférent mais il est à la recherche d’occasions pour jouer son rôle historique. Cela s’est déjà produit par le passé et se reproduira de nouveau dans le futur. »

« Nos enfants sont conditionnés par notre situation, comme nous devons payer le prix pour le déni de nos droits fondamentaux. Nos enfants aussi payent le prix de cette situation. Le régime n’a même pas pitié des enfants de trois ans. D’un autre côté, je pense que la génération de ma fille est désormais assez solide pour tenir debout seule. Cette génération reste ferme dans ce qu’elle demande. »

Parlant de l’accident de sa fille tandis qu’il était en prison, Tchalaki a dit : « Il m’a été très difficile de ne pas être à ses côtés. Mon épouse était seule. On ne m’a pas permis de lui rendre visite à l’hôpital. D’autres prisonniers sont ainsi privés de leurs droits fondamentaux comme les appels téléphoniques et les visites. Par exemple, Monsieur Massoud Sadeghi n’a pas vu son enfant depuis deux ans et n’a pas de permission. Il y a d’autres prisonniers âgés comme Monsieur Rabani qui a plus de 70 ans. »

« Je pense qu’il faut lancer un nouveau train d’efforts politiques dans ce pays. Les groupes politiques doivent porter leur attention vers la société civile et c’est là qu’il leur faut poursuivre leurs buts politiques. C’est là que des notions comme la démocratie et les droits humains devraient être approfondies. »

Source : http://www.roozonline.com/english/news3/newsitem/archive/2014/november/02/article/we-do-not-repent-have-full-belief-in-our-struggle.html?utm_content=bufferc55fe&utm_medium=social&utm_source=twitter.com&utm_campaign=buffer 

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