lundi 10 novembre 2014

Situation des droits humains en Iran dans mois de Mehr 1393 (septembre-octobre 2014) par le Centre des Défenseurs des Droits Humains

Introduction

La ville d’Ispahan a vu les actions les plus violentes contre les femmes de ces dernières semaines. Plusieurs individus ont attaqué des femmes à l’acide de façon concertée. Et ce alors que certains imams du vendredi, comme ceux d’Ispahan et de Mashhad, continuent d’attaquer les mal-voilées du haut de leurs chaires lors des prières chaque vendredi.

De plus, le parlement iranien va passer une loi sur la promotion de la vertu et la répression du vice qui pourrait fournir un prétexte pour l’intrusion dans la vie privée par les groupes extrémistes. La loi sur la promotion de la vertu et la répression du vice est proche de la promulgation, sans prendre en compte les droits de la citoyenneté et des individus.

Pour conclure, les attaques verbales quotidiennes de quelques religieux clés du système politique contre les droits civiques, surtout ceux des femmes, la transformation du principe d’encouragement de la vertu et de la répression du vice en loi tout en soulignant la lutte contre les mal-voilées, ne peuvent qu'être considérés comme des encouragements et des approbations aux individus qui ont attaqué des femmes à l’acide à Ispahan. Dans le même temps, il y a beaucoup de violence contre les femmes, sous différentes formes en Iran. La condamnation à mort ou à la flagellation sont des exemples de cette violence, et il y en a tous les mois. Pendant le mois de Mehr, le cas qui peut être cité est celui de la peine de mort de Mohsen Amiraslani, exécuté pour hérésie d’après ses proches. On peut mentionner la flagellation publique dans la province d’Hormozgan. On peut aussi mentionner la détention de quelques individus pour leurs activités sur les réseaux virtuels et la diffusion de films appelés « confessions ».

De plus, il semble que la tolérance et l’interaction du gouvernement avec les dissidents de tous les groupes décline. La violence contre les sunnites, comme l’interdiction des prières d’Eid-al-Adha dans certains quartiers, pourrait exacerber les conflits religieux qui se sont malheureusement propagés au Moyen-Orient depuis un certain temps. La violence contre les derviches Gonabadi en est un autre exemple.

Ce rapport donne un sommaire de la situation des droits humains en Iran durant le mois de Mehr (du 23 septembre au 22 octobre). Il est basé sur les informations publiées par différents médias et sites web dont l’exactitude a été vérifiée. Ce rapport comporte trois parties.

1-Droits civils, culturels et politiques

A-Situation des militants opposants politiques et sociaux

Durant ce mois, environ 66 personnes ont été arrêtées :
  • Mohammad-Reza Djafari, militaire retraité
  • Mohammad Nourizad, journaliste et cinéaste
  • Hiva Fouladi, militant des médias
  • Soraya Nakhaei, militante de la société civile
  • Massoumeh Zia, militante de la société civile
  • Maliheh Biganian, militante de la société civile
  • Nargues Farhadi, militante de la société civile
  • Iradj Amidi, militant de la société civile
  • Atena Daeimi, militante de la société civile
  • Assou Rostami, militant de la société civile
  • Ali Nouri, militant de la société civile
  • Nahid Gordji, cyber militante
Les autorités iraniennes ont également fait part de l’arrestation de 
  • 12 personnes à Shiraz pour avoir envoyé et partagé des SMS humoristiques sur l’ayatollah Khomeiny, sans mentionner leurs noms
  • 22 usagers de Facebook à Malayer dont les noms n’ont pas été mentionnés
  • Six personnes, dont le nom n’a pas été mentionné, actives sur les réseaux sociaux d’Ispahan.

La télévision régionale de la région du Fars a diffusé un film dans lequel des individus qui auraient insulté l’ayatollah Khomeiny, ont fait leur autocritique.
  • Saïd Kordestani, étudiant sunnite 
  • Hamed Naderi, étudiant sunnite
  • Habibollah Eslamifar, étudiant sunnite
  • Abdol-Hamid Khorassani, étudiant sunnite
  • Heshmat Shafiei, converti au christianisme
  • Shahram Ghaeidi, converti au christianisme
  • Emad Haghi, converti au christianisme
  • Abdolhay Atabay, militant religieux sunnite
  • Younes Nafissi, militant religieux sunnite
  • Vahid Yazdanparast, militant religieux sunnite
  • Hafez Tohid-Ghoreishi, militant religieux sunnite
  • Salar Saïdi, militant religieux sunnite
  • Souresh Aeineh, militant religieux sunnite
  • Mohammad Modaressi, militant religieux sunnite

Certains ont été libérés sous caution au bout de quelques jours dans l’attente de leur procès.
  • Massoumeh Gholizadeh, étudiante, a été incarcérée pour purger ses dix mois de prison.
  • Mostafa Mehdizadeh, militant étudiant, a été incarcéré pour purger ses six mois de prison.
  • Arjang Davoudi, militant politique qui purge actuellement sa peine, a été condamné à deux ans de prison
  • Farhoud Yazdani, bahaï, qui purge actuellement sa peine, a été condamné à un an de prison
  • Behnam Irani, converti au christianisme et actuellement emprisonné, a été condamné à six ans de prison et à l’exil intérieur à Zabol
  • Abdolreza AliHaghnejad et Reza Rabbani, convertis au christianisme, ont été condamnés à 6 ans de prison chacun à Minab.
  • La cour d’appel a confirmé la peine de trois ans de prison de Soheil Arabi, cyber militant.
  • Nasrine Sotoudeh interdite d’exercice de sa profession par le conseil de discipline des avocats.
  • La justice a promulgué un acte de culpabilité à l’encontre de l’avocat Vahid Abolma’ali.
  • Tenue du procès de Ghontcheh Ghavami, militante de la société civile.
  • IRNA (agence de presse de la république islamique) rapporte la tenue du procès en appel pour huit militants de Facebook dont les noms n’ont pas été divulgués
  • Mahmoud Parhizgar et Djafar Rafati, deux militants shiites ont été interdits de sortie du territoire.
  • Les fonctionnaires de la sécurité ont interdit la tenue des prières de l’Eid-al-Adha aux sunnites de Téhéran dans les quartiers de Sadeghieh et Sa’adatabad.
  • Ahmad Montazéri, religieux critique du gouvernement, a été cité à comparaître et libéré sous caution après interrogatoire. 
  • Kaveh Darolhsafa, militant politique, a été cité à comparaître et informé des charges qui pèsent contre lui.
  • Les autorités ont empêché Mohammad-Reza Khatami, membre du parti de la participation (Djebje ye Mosharekat) de prononcer un discours à Ispahan.
  • Bahman Ahmadi-Amouï, journaliste, est resté en prison deux jours de plus que la durée de sa peine.
  • Le domicile de Mohammad-Hossein Panahi, militant de la société civile, a été perquisitionné par les agents de sécurité.

B-Situation des Droits Culturels
  • Les autorités ont interdit un concert de « Erfan Band » à cause de la présence de musiciennes.
  • Les autorités ont interdit un concert de Shahram Nazeri pendant la Semaine de la Culture de Neyshapour.
  • Fars News Agency rapporte une enquête sur une femme non-identifiée qui aurait chanté un solo.
  • La pièce « Shakheh Nabat » a été interdite par la justice.
  • La cour de la presse a déclaré coupables les journaux « Shargh » et « Haft e Sobh » ainsi que le directeur général d’IRNA
  • L’agence de presse Mizan, affiliée à la justice, rapporte une action légale contre deux militants des médias, sans en mentionner le nom, sur ordre du commandant en chef des forces armées.
  • Le site web Entekhab est bloqué sur ordre du procureur de Téhéran.
  • Le filtrage du logiciel « Watsapp » a été approuvé par les autorités
  • La publication estudiantine Ghalam a été interdite

C-Autres exemples de violations des droits humains

Il y a eu quatre exécutions capitales durant le mois. Leurs noms complets ne sont pas toujours clairs mais les médias sous contrôle des autorités judiciaires ou du gouvernement les ont confirmées. 
  • Mohsen Amiraslani, exécuté pour hérésie d’après ses proches
  • Khorasan News rapporte l’exécution de deux individus anonymes pour meurtre à Mashhad.
  • Certains sites web rapportent l’exécution de Fardin Djafarian pour meurtre à Tabriz.
  • IRNA rapporte la condamnation à mort par la cour d’assises de la province de Téhéran d’une personne nommée Ehsan pour meurtre
  • Le service de communication du tribunal de la région d’Hormozgan rapporte la flagellation publique d’un jeune-homme dont le nom n’a pas été mentionné.
  • La situation des prisonniers politiques est toujours très mauvaise ; certains d’eux : Mehdi Sadjedifar, Seyyed Mohammad Seifzadeh, Missagh Yazdan-Nejad, Mostafa Daneshdjou, Mashallah Haeri et Ali Salanpour sont très malades mais rien n’a été fait pour les traiter.
  • Karim Maroufaziz, prisonnier politique, est de retour en prison alors qu’il aurait besoin de poursuivre son traitement.
  • Certains membres des derviches Gonabadi de Beidokht ont été empêchés de se rendre à Téhéran.
  • Certains prisonniers ont été transférés :
    • Farhad Eghbali, Rassoul Abdollahi, Alireza Seyedian, Ebrahim Firouzi, Soheil Babadi, Ali Kazemzadeh, Ali Lavimi, Arash Moghadam ont été transférés à Radjaï-Shahr
    • Mohammad Darabi a été transféré à la prison de Dizel-Abad à Kermanshah
    • Saïd Matinepour a été transféré à la prison centrale de Zandjan
    • Ayat Mehr-Ali Beiglou a été transféré à la prison de Tabriz
  • Le site web Dana, proche du régime iranien, a rapporté la détention de 26 garçons et 21 filles, sans mentionner leurs noms pour avoir assisté à une fête.
  • Le département communication de la juridiction de Soufian a rapporté l’arrestation de 35 hommes et femmes lors d’une fête.
  • Le chef de la police FATA de la région de Guilan a rapporté l’arrestation d’une personne responsable d’une compétition de mannequinat sur les réseaux sociaux.
  • Les autorités pénitentiaires ont empêché Davar Hosseini-Vojdan, étudiant emprisonné, de passer ses examens semestriels.
  • La police de la province d’Azerbaïdjan Oriental a rapporté l’arrestation d’un homosexuel sans mentionner son nom.

2-Droits Sociaux et Economiques

La situation économique du pays est encore mauvaise ; le porte-parole du gouvernement a rapporté l’existence d’au moins 2.257.000 chômeurs dans le pays.
  • Les salaires de 3.000 ouvriers de la coopérative Mehvarsazan n’ont pas été payés depuis trois mois.
  • Les salaires de 350 ouvriers des phases 17 et 18 d’Assalouyeh n’ont pas été payés depuis le mois de Tir (juin-juillet)
  • Les salaires de 300 sous-traitants de la municipalité de Yassoudj n’ont pas été payés depuis six mois.
  • Les salaires de 43 ouvriers de l’usine « Ranguin Nakh » n’ont pas été payés depuis quatre mois
  • Les salaires des travailleurs de la pétrochimie d’Ilam n’ont pas été payés depuis plusieurs mois
  • Les salaires de 120 ouvriers de « Sanaye Kam Masraf e Iranian » n’ont pas été payés depuis trois mois
  • Les salaires des ouvriers de l’usine « Kashi Tabriz Kaf » n’ont pas été payés depuis 1391 (2 ans)
  • Plus de 1.400 mineurs de charbon de la région d’Alborz Sharghi n’ont pas été payés depuis plus de deux mois
  • Les salaires d’environ 900 ouvriers de Wagon Pars à Arak n’ont pas été payés depuis trois mois
  • 300 sous-traitants du projet de métro d’Ahvaz n’ont pas été payés depuis le mois de Khordad (mai-juin)
  • Les salaires de 200 ouvriers de l’usine Nakh Parsilun n’ont pas été payés depuis trois mois
  • Les salaires de 1.100 ouvriers de « Louleh va Navard Safa » n’ont pas été payés depuis trois mois et leurs assurances depuis 18 mois
  • Quelques 180 sous-traitants de « Ghatat-e-Betoni Guilan » n’ont pas reçu de salaire depuis deux mois.
  • Le salaire de 160 ouvriers de la briquèterie « Kashi Guilana »n’ont pas été payés depuis 16 mois.
  • Mehdi Kazemi et Ahmad Mirzaei ont été licenciés de l’usine Kashi Guilana
  • Djafar Molaei, Abbas Shafiei, Hossein Amiri, Mohammad Faradji, Alireza Rezaei, Kambakhsh Kamaliha, Djavad Ghalenoei, Aslan Nourizad et Zahra Ghafari ont été licencies de la société Gaz Louleh Saveh
  • Ali Barani, Gholam-Reza Norouzi, Toumadj Bahrami et Mehdi Badavi ont été licenciés de la société Kissoun
  • 10 emplois de sous-traitants de la phase 3 de la raffinerie d’Abadan ont été supprimés.
  • Quatre étudiants ont été blessés et hospitalisés suite à l’effondrement du plafond de la citerne en ciment de l’école primaire du village de Barmak dans le canton de Dashtestan de la province de Boushehr.
  • Un fonctionnaire de l’éducation de Maraveh Tappe dans l’est de la province du Golestan a déclaré qu’au moins de 33 écoles rurales sont proches de l’effondrement et qu’elles ont besoin de réparations urgentes pour protéger la vie de leurs élèves.

3-Patrimoine et Environnement

La situation du patrimoine et de l’environnement n’est pas bonne elle non plus.
  • Le quotidien Shahrvand rapporte la naissance d’enfants handicapés dans le village de Kazaz dans la province centrale en raison des industries de la ville d’Arak
  • Le directeur du projet national de protection des zones humides iraniennes rapporte qu’environ 70% des zones humides du pays sont dans un état critique.
  • La responsable de l’organisation de l’environnement rapporte que les égouts en ville et en campagne se déversent directement dans les rivières, ce qui est un désastre environnemental qui a transformé certaines rivières en égouts. 
  • Le porte-parole de la fraction environnement du parlement iranien rapporte le risque de pollution de l’eau de surface par les égouts déversés à l’air libre par les projets immobiliers proches de Téhéran.
  • Le chef de l’Organisation Météorologique Iranienne a annoncé que les ondes produites par le brouillage effectué par le bruit floutent un tiers des images météorologiques de la capitale
  • Un député a annoncé que les résidents de 200 villages ont quitté leurs domiciles en raison de la crise de l’eau dans la province du Sistan-Baloutchistan.
  • Un député rapporte que « la plus grande forêt artificielle du monde » au nord de Kerman est au bord de la disparition.
  • Le directeur du bureau de la protection environnementale de la province du Fars rapporte un départ de feu de pâture dans la zone protégée du canton de Maleh Galeh ; il a annoncé que la cause de l’incendie était la négligence et le manque de soutien des organisations en charge de la lutte contre les incendies.

Conclusion

Vu le rapport sur les droits humains en Iran durant le mois de Mehr 1393, le Centre de Défense des Droits humains pense que la stabilité et la sécurité du pays ne seraient pas possibles sans le respect des droits du citoyen. Parce que la paix et le calme atteints sous l’intimidation et l’emprisonnement se brisent vite. Parce que toute conduite violente conduit immanquablement à une réaction encore plus violente. L’approche du système politique des différents problèmes et son usage de la violence peuvent créer les conditions nécessaires à saper la paix relative qui prévaut dans le pays.

Il est donc recommandé aux officiels de tirer les leçons du sort d’autres gouvernements de la région, et de mettre fin aux violations des droits humains le plus vite possible et de fournir les conditions nécessaires à une réconciliation nationale.

Note : Pour plus d’information sur ce rapport, merci de vous référer aux sites web :
Iranian Students News Agency (ISNA), 
Islamic Republic News Agency (IRNA), 
Iranian Labour News Agency (ILNA), 
Fars news agency, 
Mehr news agency, 
Young Journalists Club news agency, 
CDHR website, 
JARAS, 
Committee of Human Rights Reporters, 
Nedaye Azadi, 
Baztab, 
HRANA, 
Ghanoon, 
Kaleme, 
Mohebbat News, 
Sunni Online, 
International Campaign for Human Rights in Iran, 
Majzooban-e Noor, 
Melli Mazhabi, 
Nedaye Sabze Azadi, 
Radio Zamaneh, 
Radio Farda 
BBC.

Source : http://www.roozonline.com/english/news3/newsitem/archive/2014/november/05/article/acid-attacks-on-girls-faces-the-first-pace-for-enjoining-good.html

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