jeudi 25 décembre 2014

Les Modérés et le Chemin vers le prochain Parlement – Issa Saharkhiz – 6 décembre 2014

Alors que les principaux partis politiques, que les religieux les plus en vue n’ont encore rien fait pour les prochaines élections législatives en Iran, sauf les nouveaux partis qui visent des sièges de modérés au parlement qui compte 290 sièges, les rapports indiquent que le peu de députés critiques restant ne seront pas réélus.

Il y aurait de larges disqualifications pour les candidats au prochain parlement ainsi qu’une surveillance et un contrôle illimité par des organismes mis en place. En fait, la peur d’une telle surveillance est telle qu’on suspecte le conseil des gardiens de vouloir reproduire ce qu’il avait fait lors des élections à la septième législature en 2004 ; la plupart des députés réformateurs et indépendants avaient organisé un sit-in contre les agissements illégaux du conseil.

En 2004, 139 députés avaient fait une grève de la faim et avaient fini par démissionner pour protester contre la disqualification de 3.500 candidats, plus de la moitié d’un total de 4.679, à la septième législature. Beaucoup se souviennent encore du résultat de la réunion organisée entre le président de la république, de celui du parlement et du guide suprême pour résoudre le problème.

11 ans sont passés depuis ce sit-in mais beaucoup de ces députés sont toujours en prison ; en ce qui concerne les dirigeants de cette époque, le président de la république Mohammad Khatami est aujourd’hui interdit de sortie du territoire, les photos sont toujours interdites, et le président du parlement Mehdi Karroubi est toujours assigné à domicile.

Lors de cette réunion fatidique, après des mises en garde répétées du chef de la justice et de la majorité des réformateurs demandant l’ajournement d’élections illégales, on avait promis au dernier moment que les disqualifications seraient limitées et ne concerneraient qu’une poignée de candidats réformateurs, concluant qu’il vaudrait mieux qu’ils se désistent volontairement.

Finalement, cette promesse a été jetée aux oubliettes et la plainte déposée par le secrétaire d’état à l’intérieur Mostafa Tadjzadeh contre Ahmad Djanati du conseil des gardiens a fini par le conduire en prison à l’isolement pour longtemps.

De nos jours, la majorité des députés réformateurs et indépendants de la neuvième législature ont choisi de garder le silence par peur de subir le même sort que leurs collègues il y a dix ans. Ils ont délégué la poursuite de leurs demandes sur l’élection de 2009 au député conservateur respecté Ali Motahari, qui pourrait lui aussi perdre son accréditation à cause de ses demandes de libération de Moussavi, Karroubi et Rahnavard et de son hostilité à Mahmoud Ahmadinejad, président favori de l’ayatollah Khamenei, ce qui l’a poussé à se retirer de la course à l’élection au prochain parlement.

On a entendu dire que Motahari pourrait être emprisonné, mais à cause du scandale public que cela créerait, beaucoup plus important que celui causé par l’emprisonnement du fils du vétéran religieux de la révolution Mohammad Beheshti, l’arrestation est pour l’instant en suspens.

Un rapide regard aux médias conservateurs modérés ou encore aux remarques des députés révèle que ces peurs de rejet ou d’arrestation, sont sérieuses et très répandues. Il suffit de voir la demande que Djavad Karimi-Ghodoussi, député conservateur de la faction dure, a adressé au bureau de l’assemblée : réexaminer les justificatifs de Motahari, pour non seulement l’empêcher d’être réélu, mais aussi pour le révoquer avant la fin de son mandat.

Ghodoussi, ancien commandant de la force paramilitaire bassidj qui s’est glissé au parlement avec moins de dix pour-cent des suffrages a dit à un journaliste : « J’ai dit à Monsieur Motahari qu’il recevrait une claque pour ses positions politiques et que son problème était qu’il était passé de l’école à l’université puis au parlement sans avoir pris part à la révolution ; bien qu’il vienne d’une famille martyre, il manque de vision politique. »

Cet avertissement menaçant est le signe d’un plan plus important rédigé dans un article de Jahan News : « Monsieur le Docteur Ali Motari est professeur de philosophie ; c'est un intellectuel qui a l’expérience des affaires culturelles ; maintenant qu’il est arrivé à ce poste, nous lui conseillons fraternellement de prendre ses distances avec la politique, au moins pour son père martyr à qui nous devons tant. »

L’autre côté de la médaille : les positions prises par l’extrémiste Ahmad Tavakoli. Le site web Alef, qui lui est affilié, a récemment écrit qu’il avait critiqué ceux qui se servaient des dirigeants des manifestations de l’élection de 2009 pour se débarrasser de leurs rivaux, qui pourraient être candidats à la prochaine élection législative, et appelaient à la création d’une autorité pour définir les critères de la « sédition », terme utilisé pour les dirigeants des manifestations de 2009. Il a averti ceux qui avaient le privilège de pouvoir approuver les candidatures aux élections nationales et qui pourraient s’en servir pour des vengeances personnelles.

Il est peu probable que Motahari se retire des prochaines élections législatives, même si ses rivaux accueilleraient favorablement sa décision de ne pas être candidat, car ce serait ce qui leur coûterait le moins cher.

C’est exactement l’attitude que les adversaires des réformateurs, forces extrémistes et totalitaires, défendent pour que les candidats réformateurs abandonnent volontairement leurs candidatures aux prochaines élections.

Une telle décision signifie également que l’on permet aux forces tyranniques de préparer le chemin pour l’élection de pseudo-réformateurs ou de réformateurs incompétents, groupe auquel même Ali Laridjani, actuel président du parlement est censé appartenir.

Source : http://www.roozonline.com/english/news3/newsitem/archive/2014/december/06/article/moderates-and-the-road-to-the-next-majlis.html

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