samedi 9 mai 2015

Interview avec Behnam Roghani, un bahaï condamné à mort par Morteza Esmailpour - 28 mars 2015

Morteza Esmailpour : Comment voyez-vous la situation des bahaïs après la révolution de 1978 ?
Behnam Roghani 
Apres la révolution islamique en Iran a débuté une campagne systématique contre la foi bahaïe et les bahaïs au plus haut niveau de la direction de la république islamique. Les dirigeants de la république islamique d’Iran ont des problèmes idéologiques avec les bahaïs ; ils ont planifié l’élimination physique des bahaïs de la société iranienne. Et ce alors que les bahaïs, à cause de leurs croyances religieuses, évitent toujours la violence, ne se mêlent absolument pas de politique et obéissent aux lois de leur pays de résidence.


 

ME : Les attaques contre les bahaïs venaient-elles de forces autonomes ou étaient-elles orchestrées par le chef de la république islamique d’Iran ?
BR :
L’ancien guide suprême, l’ayatollah Khomeiny, a attaqué les bahaïs à de nombreuses reprises (dans ses discours) ; dans l’un de ses étranges discours, il a qualifié les bahaïs « d’animaux dont il faut avoir peur ».Ses propos ont donné le feu vert aux durs en Iran pour persécuter et réprimer les bahaïs. Le harcèlement à l’encontre des bahaïs était tel que 200 bahaïs et membres de l’assemblée bahaïe d’Iran ont été exécutés durant les premiers jours de la révolution ; pendant des années, les bahaïs ont dû affronter des problèmes comme la confiscation de leurs biens, l’interdiction de poursuivre des études supérieures ou de trouver un travail ainsi que de longues peines de prison. Dans le même temps, la campagne contre les bahaïs s’est intensifiée ; dans les manuels scolaires, plusieurs pages étaient même consacrées à la promotion de la haine des bahaïs. De plus, dans les mosquées, lors des prières du vendredi, les imams attaquaient brutalement les bahaïs dans leurs prêches. La campagne était si puissante et systématique que certains Iraniens y ont cru au point de se joindre à la persécution et à  la répression des bahaïs.

ME : La situation a-t-elle changé après la mort de Khomeiny ?
BR
: A la mort de  Khomeiny, l’ayatollah Khamenei lui a succédé ; l’atmosphère était un peu plus ouverte et moins stressante. L’ayatollah Khamenei, qui n’avait rejoint les rangs de la haute hiérarchie religieuse que tardivement, quand il était interrogé sur le statut des bahaïs a promulgué des décrets à leur encontre. Dans l’un de ces décrets, il a déclaré que tous les bahaïs étaient « impurs » et « intouchables » et a interdit de commercer avec eux. Il a interdit à ses partisans d’utiliser des ustensiles et des couverts utilisés précédemment par des bahaïs pour boire ou manger, et leur a demandé d’attaquer cette minorité religieuse en Iran.

ME : Ces dernières années, nous avons été témoins de la promulgation de beaucoup de décrets à l’encontre de la communauté bahaïe. En avez-vous personnellement souffert ?
BR :
La promulgation de décrets religieux n’est pas une nouveauté en Iran ; puisque la république islamique a choisi l’islam chiite comme religion officielle en Iran, tous sont censés demander l’avis des religieux de haut rang pour leurs questions et leurs problèmes. Un groupe de lobbyistes durs, qui avaient des relations particulières avec certains de ces religieux leur ont demandé « des décrets religieux spécifiques » qui ont causé de lourdes sanctions contre les bahaïs et les membres d’autres minorités religieuses ainsi que contre les convertis et quelques autres Iraniens, ce qui a permis aux durs de confisquer leurs biens « légalement ». J’ai été victime d’un de ces « décrets spécifiques » provenant d’un groupe islamique dur et j’ai été condamné à mort.

ME : La promulgation de ce décret à votre encontre était-elle de la propagande ou était-elle personnelle ?
BR :
Il faut bien sûr noter que les décrets comme celui promulgué à mon encontre étaient surtout politiques ; ils cherchaient à créer la peur, la panique et la répression parmi les nouveaux convertis anciennement musulmans qui voulaient révéler et promouvoir leurs nouvelles fois. Dans mon cas, le décret mentionne que je suis « hérétique » et qu’il faut que mon sang soit versé. Dans leur jargon, un hérétique est un musulman qui désire adhérer à une autre foi que l’islam. Le sang d’une telle personne n’a pas de valeur et doit être versé et ce décret religieux sert de condamnation à mort.

ME : Pour conclure, comment voyez-vous la situation des bahaïs et quel serait votre souhait ?
BR : La situation des bahaïs n’a pas changé. Actuellement, il y a environ 100 bahaïs en prison et quelques autres sont en liste d’attente pour y entrer. L’interdiction de l’éducation supérieure pour les bahaïs s’est intensifiée comme les restrictions et les exclusions diverses. Ceci dit, avec l’avènement des cyber-technologies et des outils de communication ainsi que de la conscience plus aigüe de la situation des bahaïs, une connaissance approfondie de la foi bahaïe, les campagnes à l’encontre des bahaïs menées par la république islamique d’Iran ont fini par devenir impopulaires et la population iranienne y est hostile.

Source :  http://iranpresswatch.org/post/11735

 

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